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Rainbowcinema ou le septième art et l'homosexualité
Rainbowcinema ou le septième art et l'homosexualité
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16 août 2006

LA MAUVAISE EDUCATION (LA MALA EDUCACION)

quatre_coeurs

Affiche_La_Mauvaise_Education1980, un jeune homme, Ignacio, se présente chez Enrique Goded, son ancien camarade de collège devenu réalisateur  et lui soumet le scénario qu'il a écrit à partir de ses souvenirs de jeunesse.
La_Mauvaise_education







La chute d'Adam

Loin d'être limpide à l'instar de son générique de début très brouillé, le film d'Almodovar présente une galerie de personnages masculins polymorphes, emplis de fautes, de secrets et détenteurs de paroles mensongères. Point d'innocence ici-La_Mauvaise_educationbas. Le cinéma du quartier constitue l'endroit où les jeunes élèves se masturbent tout en contemplant la beauté d'une actrice. Le collège dirigé par des hommes d'Eglise devient le témoin de la pédophilie du Père Manolo, humain qui, paré du masque de la vertu tente d'abuser le jeune Ignacio. L'innocence vole en éclats, l'identité de l'être se divise comme le suggère leLa_Mauvaise_education magnifique plan où le sang, linéaire, coule en plein milieu du visage de l'enfant à la voix angélique. L'unité, condition sine qua non de la beauté et de la perfection, n'est plus : les êtres se confondent et se travestissent. Les hommes sont fabulateurs et le monde est labyrinthique comme le dénotent les géniales mises en abyme du film.

Filme-moi

Au coeur de la charpente méticuleusement filandreuse, un fil conducteur : la passion. Enrique aime toujours son amour de jeunesse, Juan est attiré par le réalisateur et Berenguer est fou du frère d'Ignacio. Seul hic et non pas des moindres dans cette quête, l'être désiré échappe toujours à l'amoureux. Venues trop tardives et missives lues trop longtemps après leur rédaction, l'amour file des mains comme une bulle ou s'évapore pour ne laisser que des spectres et des souvenirs doux La_Mauvaise_education_Juan_et_Enriquemais glaciaux. Alors pour donner un peu de chaleur à ces froides
réminiscences, une seule solution : filmer. Berenguer  se laisse emprisonner par une caméra Super 8 et Enrique réalise un long métrage à partir de La Visita, nouvelle d'Ignacio, afin de donner une seconde vie à son passé, à celui des amoureux. Ignacio a donc bel et bien réussi . Malgré les années, le jeune homme homme déchiré par une quête identitaire a survécu à l'érosion des sentiments et demeure toujours présent dansLa_Mauvaise_education le souvenir et le coeur de celui qui fut son premier amour. L'unité est retrouvée et la beauté, veloutée d'une mélancolie, irradie l'être aimant et transparaît dans son oeuvre.


Des rencontres de flamme

Qu'ils se prénomment Ignacio, Juan, Angel ou Zahara, Enrique Goded ou Enrique Serrano, l'histoire aux multiples voix narratives est la même au fond et tourne autour du dénominateur commun qu'est la passion, mot écrit avec des majuscules à la fin du film, véritables lettres de noblesse
incandescentes. Un briquet oublié, un sous-vêtement abandonné chez l'être aimé, un foulard également laissé dans la demeure La_Mauvaise_educationde l'autre... autant d'actes manqués révélateurs du sentiment amoureux et de signes marquant la volonté de graver son empreinte chez l'élu de son coeur. Idem pour la nouvelle d'Ignacio, véritable catalyseur des passions et trait d'union majestueux avec le film réalisé par Enrique, ledit film imbriqué dans celui d'Almodovar, réalisateur capable de nouer de formidables rencontres entre ses personnages et également avec ses spectateurs. Car, finalement, en voyant La Mauvaise Education, on pourra se réapproprier avec bonheur les propos d'un des personnages : A croire que tous ces films parlent de nous !

Personnel sans être pour autant autobiographique, le film d'Almodovar présenté hors compétition a fait l'ouverture du 57ème Festival de Cannes et a entre autres mis sous les projecteurs le talent du génial Gael Garcia Bernal, interprète de Juan, personnage à la subjectivité très complexe.

Sortie: mai 2004
Distribution : Gael Garcia Bernal, Francisco Boira, Javier Camara, Daniel Gimenez Cacho, Lluis Homar Fele Marinez
Réalisation : Pedro Almodovar
Scénario : Pedro Almodovar
Photographie : Jose Luis Alcaine
Musique : Alberto Iglesias
Production : El Deseo
Genre : Drame
Durée : 110 minutes

                                                  La_Mauvaise_education

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