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Rainbowcinema ou le septième art et l'homosexualité
Rainbowcinema ou le septième art et l'homosexualité
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31 juillet 2006

PHILADELPHIA

cinq3



affiche_philadelphia2Féru de droit, Andrew Beckett est l'un des meilleurs avocats de sa génération si bien que l'illustre Charles Wheeler, dirigeant d'un prestigieux cabinet à Philadelphie, lui propose de travailler avec lui. Andrew exulte face à cet honneur mais cet homosexuel est atteint du sida. Les membres du cabinet se sentent trahis et souillés. Au terme d'une vile machination, ces derniers se débarassent du nouvel associé, invoquant une prétendue incompétence de sa part. L'avocat décide alors de poursuivre Wheeler devant les tribunaux pour licenciement abusif.philadelphia_32

The night has fallen, I'm lyin' awake
I can feel myself fading away

Andrew Beckett excelle dans l'exercice de sa profession mais pour Wheeler et ses acolytes, être un homosexuel et être un avocat émérite constituent une véritable antithèse. Les employés du cabinet le font bien
philadelphia_1comprendre à leur collègue. Ils provoquent sa déchéance professionnelle sans scrupules, violant sa dignité et ses droits, l'apparentent à un débauché. Autrefois congratulé, Andrew est laminé par son licenciement humiliant ainsi que par le climat d'homophobie régnant dans le cabinet de Charles Wheeler, lequel était à ses yeux l'homme de droit par excellence, l'avocat forçant son admiration sans bornes. Marqué par l'amertume, l'opprobre et la maladie, le visage d'Andrew s'altère profondément. Son crâne est rasé, sa mine, défaite. Son corps est amaigri. L'abattement semble avoir triomphé de l'homosexuel bafoué, au seuil du crépuscule.


Je cherche une âme qui pourra m'aider
Je suis d'une génération désenchantée
Je suis de la génération sida...

Andrew est contaminé par le syndrome du VIH. L'inverti est alors confronté à une double discrimination. Il doit faire face aux regards des autres, à leur homophobie et à leur peur du sida. Hormis son entourage, peu nombreuses sont les personnes qui osent le toucher sans éprouver dégoût et répulsion. Trouver un avocat acceptant de plaider sa cause relève dès lors de la gageure. Mais
philadelphia_4 difficile n'est pas impossible. Andrew refuse de rendre ses armes et demande à Joe Miller, "le monsieur de la télé" d'attaquer en justice Charles Wheeler. Peine perdue, semble t-il car le célèbre avocat de la publicité est homophobe. Rétif au début, Miller finit par accepter au nom du Droit et de la Justice qu'il entend bien faire respecter, surtout à Philadelphie, ville où a été adoptée la Déclaration d'Indépendance en 1776. A l'instar des hétérosexuels, les homosexuels ont eux aussi des droits : ce ne sont pas des citoyens de seconde zone.

Vivi ancora! Io son la vita!         

philadelpia_61Le thème de la mort est évidemment présent dans cette comédie dramatique mais Jonathan Demme n'a pas pour autant négligé celui de la vie. Certes, Thanatos s'immisce partout, à chaque apparition d'Andrew, notamment sur son visage alangui et sur son corps marqué par les lésions de sa maladie. La mort transparaît également dans l'expression inquiète de son amant attentionné Miguel. Ce dernier attend et redoute effectivement l'agonie de son amoureux condamné à rendre prématurément son ultime soupir. philadelphia_5Et pourtant, la vie y est célébrée en permanence, du générique du début jusqu'à la dernière scène du film. Philadelphie est d'abord filmée comme un lieu vivant : des enfants s'amusent à la corde à sauter, des adolescents jouent au basket et l'on voit des adultes faire du sport dans un parc et d'autres, du vélo. La vie est ensuite incarnée par la petite Bérénice (le nouveau-né de Joe Miller), puis par la soeur d'Andy. Ladite soeur attend effectivement un enfant. Et quand ont lieu les funérailles du brillant avocat, la caméra filme sa famille sans omettre les enfants, symboles même de la vie. Andy ne fait pas figure d'exception puisque le défunt apparaît avec son visage d'enfance sur une vidéo familiale. Le film se clôt sur cette jeunesse, cette existence dont il faut jouir chaque instant. Point culminant de cet hymne à la vie : la scène divine où Andrew savoure la voix de Maria Callas chantant La Mamma morta d'Umberto Giordano. Paradoxe sublime, le défunt a semé au sein de son entourage le ferment d'un désir profond de vivre heureux.

philadelphia_61Éblouissant dans la forme et remarquable dans le fond, Philadelphia a été auréolé de deux Oscars. Le premier fut celui de la Meilleure Chanson Originale et le second, celui du Meilleur Acteur. Bruce Springsteen et Tom Hanks ont été légitimement récompensés. Streets of Philadelphia est une chanson sublime. Les percussions qui résonnent comme un écho au cheminement d'Andrew constituent un pur bijou sonore. Outre Tom Hanks, Denzel Washington et Antonio Banderas offrent de parfaites compositions, pleines d'amour et de fraternité. Un seul regret : Andrew et Miguel, s'ils dansent ensemble, ne s'embrassent à aucun moment du film. Mais ne boudons pas notre plaisir. Philadelphia était et est toujours un film audacieux, percutant et magnifique. 

Sortie : mars 1994
Distribution : Tom Hanks, Denzel Washington, Jason Robards, Antonio Banderas, Joanne Woodwar, Jason Roabards Jr
Réalisateur : Jonathan Demme
Scénario : Ron Nyswaner
Photographie : Tak Fujimoto
Musique : Howard Shore
Production : Edward Saxon - Clinica Estetico
Genre : Comédie dramatique
Durée : 119 minutes
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