BOUND

Un ascenseur, un mafioso hargneux, sa compagne, Violet, son joli minois et son galbe de femme fatale et puis dans un coin, une ex-taularde avec, à l'épaule un tatouage, celui du labrys, clairement identifié par l'autre femme. Naît alors une relation saphique mais pour se débarasser de son compagnon et mener une vie au pays de cocagne, la belle Violet devra subtiliser une mallette contenant la bagatelle de deux millions de dollars avec sa complice homosexuelle.

Le doux parfum des billets verts

Au coeur de ce long métrage, meurtres, trahisons, fabulations, argent ou plutôt argent sale et milieux interlopes, bref une myriade d'ingrédients du film noir brillamment entrelacés par les frères Wachowski pour donner un diamant à l'éclat obscur, éclat à contempler à souhait. Car, visuellement, Bound est une charpente bâtie sans faille, un huis clos fuligineux et asphyxiant où César, truand à l'humeur atrabilaire, est acculé sans relâche à des situations scabreuses et anxiogènes, au centre desquelles se trouve un paquet de billets verts, lesdits billets ensanglantés par la faute d'un collègue à la caboche peu garnie et repassés méticuleusement un  à un pour que le tout en jette plein la vue à Marzzone, il capo della mafia. Et bien sûr, la rencontre ne se déroulera pas comme prévue, la fratrie Wachowski faisant monter la sauce jusqu'à atteindre le paroxysme d'un suspense long et jubilatoire.


Black poison

Bound suit avec une fidélité rigoureuse les codes du genre mais le film est loin d'être captif d'une voie orthodoxe. Au contraire, les réalisateurs estampillent leur premier bijou filmique de leur griffe prestigieuse et marginale en exécutant un tour de force éminent à travers le détournement allègre de l'une des conventions du film noir : le rôle du tiers, venant déstabiliser le couple fragile (César/Violet) et habituellement dévolu à un homme est ici confié à une femme, heureux changement permettant d'insuffler au long métrage un souffle érotique. Deux femmes fatales, la première ayant l'allure d'une starlette hollywoodienne et la seconde, arborant un look certes masculin mais dont les atouts et les charmes sont tout aussi ensorcelants que la précédente. Le duo féminin exhale de capiteuses fragrances, harmonieusement fusionnées avec le climat délétère de la mafia pour engendrer un superbe thriller.

Empli d'une audace sensuelle, le premier long métrage des frères Wachowski a obtenu le Prix du Jury lors du Festival de Deauville 1996.

Sortie: novembre 1996
Distribution : Gina Gershon, Barry Kivel, Christopher Meloni, Joe Pantoliano, John P. Ryan, Richard Sarafian, Jennifer Tilly
Réalisation : Larry et Andy Wachowski
Scénario : Larry et Andy Wachowski
Photographie : Bill Pope
Musique : Don Davis
Production : Larry et Andy Wachowski
Genre : Thriller
Durée : 108 minutes

                                                 

                                          * * * * * *