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Rainbowcinema ou le septième art et l'homosexualité

Rainbowcinema ou le septième art et l'homosexualité
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22 août 2006

RAINBOWCINEMA

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                     RAINBOWCINEMA

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21 août 2006

* * * * * * Arborant certes le drapeau et les

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Arborant certes le drapeau et les couleurs irisés, Rainbowcinema ou le septième art et l'homosexualité ne s'adresse pas spécialement à un public sectaire, étiqueté selon son orientation sexuelle. Il s'élargit au contraire à un lectorat ouvert, curieux et désireux d'obtenir quelques éclaircissements à propos de la représentation des homosexuel(les) au cinéma, via des critiques et des dossiers (consulter la rubrique "Dossiers de Rainbowcinema").

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20 août 2006

C.R.A.Z.Y

deux_petit_coeur_et_demi




Affiche_CrazyC.R.A.Z.Y comme Christian, Raymond, Antoine, Zachary et Yvan... Cinq membres de la fratrie Beaulieu avec, au centre, Zac, l'avant-dernier né un 25 décembre 1960 et dont le réalisateur dresse le portrait sur deux décennies en se focalisant sur la relation papounet/fiston... fiston troublé par sa propre orientation sexuelle.


Crazy_4_fr_res

Ode to my father

Instant liminaire du film, genèse de la vie du divin enfant, Zachary, quatrième mouflet des Beaulieu. Maman est accorte et attentionnée tandis que Papa est un peu rustre comme l'aîné de la fratrie qui traite le marmot pénultième de fifille... Mais l'essentiel est là : Zac est chéri par ses parents. La petite tête ou plutôt mèche blonde de la famille (symbole de l'élu thaumaturge) entretient une relation priviligiée avec son père. Ce dernier se fait le comparse de fiston, prêt à sillonner les routes, la panse emplie d'une petite collation, les cheveux dans le vent et les oreilles bercées par du Aznavour. Enfance rime avec amour et gaieté mais cette phase sombre Crazy_Zac_enfant_voituredans la caducité, se heurtant aux problèmes nés de la difficile acceptation de l'homosexualité de Zac par son père comme le suggère sa chute initiale au milieu des langes. Papa Beaulieu est certes un super compagnon de route pour Zac mais jamais il n'en devient son destinataire bienveillant. Si l'oreille du chef patriarcal cède volontiers à la voix de Patsy Cline, elle refuse d'être à l'écoute du fils, ado égaré dans son orientation sexuelle. Le paternel fait même tout son possible pour que sa petite progéniture se mue en homme, un vrai, un dur, un mâle. De l'enfant bien-aimé, Zachary passe au statut de mouton noir de la famille en raison de son penchant homo, s'éloignant de plus en plus de son père.

A rock'n'roll ode

Affres du doute, découverte d'une sexualité encore trop mal perçue, quête d'un amour paternel enfoui dans un âge d'or, Zachary narre tous les moments de sa vie d'ado mal dans sa peau mettant à nu son intimité avec une incroyable véracité et au rythme de la musique des 70's. Le personnage principal célèbre de Crazytrès belles noces entre ses vicissitudes et les chansons mythiques des Rolling Stones et des Pink Floyd sans oublier celles du cultissime Bowie, chanteur à l'allure androgyne que Zac imite dans sa chambre, lieu reflet de sa subjectivité et décorée par les couleurs irisées du rainbow flag. Mais si le rock accompagne admirablement le cheminement de l'ado, il ne peut édulcorer le rythme pesant de scènes oiseuses comme celles du désert et des fêtes de familles maintes fois itérées dans le film et où Papa Beaulieu remet inlassablement son show musical ultra-mastoc.

Très erratique, C.R.A.Z.Y offre de jolis moments nantis d'une bande originale efficace mais il présente également de longues errances. Même si le miracle a déserté le film, celui-ci vaut le détour de par les confessions et les troubles de Zac à l'égard de son orientation sexuelle si proches d'une réalité quotidienne et pas toujours lumineuse pour les gays et lesbiennes.

Sortie: mai 2006
Distribution : Michel Côté, Marc-André Grondin, Daniel Proulx, Emile Vallée
Réalisation : Jean-Marc Vallée
Scénario : Jean-Marc Vallée, François Boulay
Photographie : Pierre Mignot
Musique : Charles Aznavour, Patsy Cline, David Bowie, Pink Floyd, The Rolling Stones
Production : Cirrus Communications / Crazy Films
Genre : Comédie dramatique
Durée : 129 minutes
                                                   

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19 août 2006

LE SECRET DE BROKEBACK MOUNTAIN (BROKEBACK MOUNTAIN)

cinq_petits_coeurs

affiche_de_brokeback_mountain2Ennis projette de se marier avec Alma et recherche un travail afin d'améliorer sa situation financière. Le voilà alors gardien d'un troupeau de moutons à Brokeback Moutain où il fait la connaissance de Jack avec lequel il noue une relation amoureuse. brokeback_mountain_ennis_et_jack_chevauxLe long métrage est inspiré d'une nouvelle (Les Pieds dans la boue), signée Annie Proulx. Les pages noircies par sa plume ont donné lieu à un magnifique drame de l'intolérance réalisé par le cinésate taïwanais Ang Lee.



Sur les hauteurs de Brokeback Mountain

brokeback_mountain_ennis_debout_et_jack_allong_Ennis et Jack sont familiers des chevaux puisque ce sont des cow-boys. Coiffés de leur éternel chapeau et chaussés de leurs mythiques santiags, les deux hommes ne se séparent pas non plus de leur lasso, de leur cigarette et de leur bouteille de whisky. Viriles, les bagarres et les bourrades ne leur sont pas non plus étrangères à l'instar des baisers et des caresses. Car les personnages principaux du film de Ang Lee forment un couple homosexuel, un couple amoureux. Chacun explore réciproquement l'intimité de l'autre, là, sur les hauteurs de Brokeback Mountain, dans un cadre bucolique. L'endroit est isolé mais la terre n'est pas inhospitalière. Affable, elle accueille au contraire une végétation à la verdure flamboyante et aussi deux amoureux. Mais la période de transhumance s'achève. Ennis et Jack doivent quitter la montagne édénique tandis qu'un crépuscule glaçant et comminatoire plane au-dessus de leur tête, prêt à ensevelir leur amour idyllique.

Hiding the tears in my eyes
'Cause cow-boys don't cry

brokeback_mountain_jack_et_sa_femme3brokeback_mountain_ennis_et_sa_femme2Les relations homosexuelles placées sous le signe de la béatitude sont inconcevables dans l'Amérique des sixties et des cow-boys, où les codes, très virils, régissent la conduite des hommes et parfois les étranglent jusqu'à l'étouffement. Alors, comme convenu, Ennis se marie à Alma tandis que de son côté, Jack épouse Lureen dans les règles oppressantes de la bienséance. Les deux ex-gardiens de troupeaux se glissent dans le moule, fondent un foyer seulement les fondations de ce dernier sont chétives, se lézardent et menacent de s'écrouler à tout instant. Les amoureux déchus de Brokeback Moutain sont taraudés à force d'endosser le rôle d'époux hétéro, de chanceler dans leur paternité et de vivre séparés l'un de l'autre.

Far from Brokeback Mountain

brokeback_mountain_ennis_et_jack_pr_s_du_feu1Enlisés dans la tourmente et le secret, Ennis et Jack sont étrangers au monde. Mais n'est-ce pas plutôt l'inverse ? Le monde n'est-il pas étranger aux deux amants interdits, à leur amour homosexuel qu'il amalgame à une infamie ? Exit les invertis dans cette Amérique des années soixante qui lynche lesdits invertis en déployant des moyens d'une haine et d'une férocité hors pair. L'esprit d'Ennis est hanté par le souvenir de ce cadavre homo, voué aux gémonies et dont le sexe a été arraché en guise de châtiment par des hétéros à l'humanité plus qu'improbable. Vision cauchemardesque mais réelle pour Ennis, lequel apparente celle-ci à une potence édifiée pour l'envoyer ad patres au cas où il aurait l'audace de dévoiler son homosexualité au grand jour. L'appréhension est justifiée. De la relation des deux amants interdits ne peut naître qu'un bain de sang comme le préfigure l'image funeste de ce mouton attaqué par un loup. Et face à la folie des détracteurs homophobes, le bonheur ne peut qu'abandonner sur le carreau le couple gay dont la relation laisse un goût d'inachévé à l'instar du caractère elliptique du film grandiose.

Somptueuse histoire d'amour entre deux hommes confrontés aux regards réprobateurs des uns et des autres, dans une contrée des Etats-Unis, sur une montagne sereine, lieu d'exil et d'utopie où des acteurs expriment les émotions authentiques de leur personnage avec une incroyable finesse. Simple mais bouleversant, le film apparente le bonheur des amoureux à un eden fragile comme une bulle et relève dès lors de la dimension mythique et universelle.

Sortie: janvier 2006
D'après la nouvelle d'Annie Proulx(Les Pieds dans la boue)
Distribution : Jake Gyllenhaal, Heath Ledger, Michelle Williams, Anne Hathaway, Anna Faris, Randy Quaid, Linda Cardellini
Réalisation : Ang Lee
Scénario : Larry Mcmurtry, Diana Ossana
Photographie : Rodrigo Prieto
Musique : Gustavo Santaolalla
Production : River Road Entertainment / Focus Features
Genre : Drame
Durée : 134 minutes

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18 août 2006

SHE HATE ME

un_et_demi_coeur

affiche_she_hate_me2John Henry "Jack" Armstrong est l'incarnation de l'American Dream. Bardé de diplômes, l'homme occupe un poste de cadre supérieur dans une entreprise de biotechnologie. Seulement voilà, la firme est en difficulté. Derrière le rictus figé du PDG se dissimulent de vilaines magouilles. Mais John, en bon citoyen loyal et bien intentionné, décide de révéler le scandale à la presse. Il s'attaque à un géant, lequel n'entend pas se laisser piétiner. L'entreprise accuse l'homme  d'être l'auteur des malversations financières et le licencie. Le personnage se trouve alors face à des problèmes pécuniers jusqu'au jour où son ex-femme, lesbienne, frappe à sa porte pour lui demander de lui faire un enfant contre une jolie rétribution...
she_hate_me_entreprise_de_john2
A moi les billets verts!

Le générique du début, montrant les fameux billets verts sous toutes leurs coutures, annonce déjà la couleur du propos, véritable lieu commun : l'argent est roi. Suprêmes sont le fric, le flouze et  l'oseille. La société en est décidément goulue. Le film de Spike Lee l'illustre perpétuellement, notamment à travers le scandale dont fait l'objet l'entreprise biotechnologique et qui n'est pas sans rappeler ceux des grandes firmes américaines comme Enron et Worldcom. Des liasses et des liasses du fameux petit dollar pullullent à l'infini dans She Hate me. Chacun ne jure que par le pognon : ici, c'est un cadre qui a tout sacrifié pour grimper dans l'échelle de sa firme et partir à la conquête du dollar ; là, c'est une bande de lesbiennes de luxe qui propose à ce type de l'argent, beaucoup d'argent en échange de ses spermatozoïdes. Ailleurs, un PDG cupide avec les dents acérés d'un requin. Le discours est on ne peut plus clair et la vue du tas d'oseille en devient émétique...

John ou le nombril de la Terre

she_hate_me_femmes___la_porte_d_entr_e1Le film ne s'attarde pas vraiment sur les lesbiennes. Au coeur de She hate me : John, l'incroyable John. Tout converge vers lui. Les intrigues et les personnages focalisent sur the Mâle. Brillant, intelligent, friqué, c'est l'homme de toutes les situations. Comme ses performances sexuelles non-stop, sa musculature est de choc. Certes, une petite baisse de régime le contraint à avaler la pilule bleue qui remet illico presto la sex machine d'aplomb. Et puis ça repart, de plus belle! Pas de doute, l'homme est le personnage principal du long métrage de Spike Lee. Il est aussi envahissant, procréant à tout-va, çà et là. Aucune femelle n'échappe aux spermatozoïdes du cadre, pas même les lesbiennes qui supplient monsieur de les fournir en marchandises et font la queue à sa porte. Le ravitailleur en semence ne s'épuise jamais. Ses stocks sont immenses, gigantesques, colossaux. Seulement, c'est la qualité qui doit primer sur la quantité et non l'inverse...

Une semence ... stérile

Si le foisonnement des spermatozoïdes de John ne cessent de défiler à l'écran, le film, lui, s'essoufle assez rapidement parce qu'il ambitionne d'être à la fois un thriller et une comédie de moeurs. Par ailleurs, la linéarité de l'histoire empêche aussi le long métrage de sortir de sa lourdeur et de son caractère trop prévisible. Le réalisateur s'empêtre dansshe_hate_me_le_trio2 deux intrigues dont les liens sont loins d'être harmonieusement ficelés. Le propos, qui se voulait sans doute avant-gardiste, vire hélas au réactionnaire puisque, dans She hate me, la conception ne peut se faire que dans l'acte sexuel... La phallocratie est bel et bien présente mesdemoiselles les lesbiennes! Et le long métrage de dégénérer en un fantasme éculé d'hétéro masculin où des homosexuelles de luxe sont chevauchées par un étalon noir super puissant... Il semblerait que le couple saphique ne puisse exister ; l'homme parvient toujours à s'y immiscer...

L'histoire d'un cadre licencié, enrichi de billets verts grâce à  son ex-femme, devenue lesbienne et rabatteuse de chair fraîche et féminine...Voilà à quoi se résume She hate me.

Sortie : novembre 2004
Distribution : Anthony Mackie, Kerry Washington, Ellen Barkin, Monica Belluci, Jim Brown, Jamel Debouze, Chiwetel Ejiofor, Woody Harrelson, Lonette Mckee, Paula Jai Parker, John Turturro
Réalisation : Spike Lee
Scénario : Michael Genet, Spike Lee
Photographie : Matthew Libatique
Musique : Terence Blanchard
Production : Spike Lee, Preston Holmes, Fernando Sulichin
Genre : Comédie
Durée : 138 minutes

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17 août 2006

TROPICAL MALADY

deux_petit_coeur_et_demi

Affiche_Tropical_MaladyUne histoire d'amour entre un soldat, Keng et un jeune homme, Tong, ponctuée tantôt par des sorties en ville, tantôt par des soirées à la campagne, dans le foyer familial du plus jeune jusqu'au jour où ce dernier s'éclipse dans la jungle tropicale, creuset des mythes et des légendes.


Tropical_Malady




Genèse d'un amour

Binaire, Tropical Malady est scindé en une première partie diurne et éclairée par les lumières artificielles de la ville ou par le feu chaleureux d'une maison champêtre et une deuxième partie où prédomine l'obscurité. Le début du long métrage met en scène la naissance d'une simple histoire d'amour entre deux hommes. Seulement les différents tableaux de cette contagion amoureuse sont remplis d'une couleur trop sirupeuse et sombrent plus d'une fois dans les clichés pondéreux de la love story (plans sur les expressions mièvres des amants, billet doux glissé dans la poche de l'alter ego, chanson à la mélancolie fleur bleue et dédicacée à l'être aimé). La première moitié du film s'ankylose par l'excès de scènes à la douceur fade et si l'autre pendant du diptyque apporte ex abrupto un dépaysement certain dans le milieu tropical, celui-ci n'en demeure pas moins alangui.

Un amour malade

Tropical_MaladyUne végatation luxuriante et des bêtes sauvages : telle est la jungle, antre des instincts par excellence, lieu où viennent se greffer les contes, les mythes et les légendes. Elle abrite également un tigre, forme animale de Tong, suggérant le caractère bestiale et carnivore de sa passion ardente pour Keng. L'histoire thaïlando-khmère, narrée à l'aide de cartons, se drape d'un silence pendant lequel les deux amants consumés par leur amour, se cherchent, se trouvent puis se dévorent du regard dans une sublime face à face nocturne finalement apparenté à une contemplation narcissique du moi homosexuel. Mais les plans perlés garnissant cette seconde partie ne parviennent pas à empêcher l'émergence d'une atonie née d'une lenteur écrasante. Le film offre certes de très beaux segments hiératiques mais leur prolongement à outrance étiole malheureusement tout leur éclat.

Tropical Malady est un film très inégal, où la thématique du sentiment amoureux génère aussi bien des scènes trempées dans une guimauve peu digeste que des scènes pleines d'esthétisme et d'audace, hélas émaillées avec parcimonie et surtout dissolues dans l'afféterie et la pesanteur.

Sortie: novembre 2004
Distribution : Huai Deesom, Sirivech Jareonchon, Sakda Kaewbuadee, Banlop Lomnoi, Udom Promma
Réalisation : Apichatpong Weerasethakul
Scénario : Apichatpong Weerasethakul
Photographie : Jean-Louis Vialard
Production : Anna Sanders Films / TIFA / Downtown Pictures / Thoke+Moebius Film / Kick the Machine
Genre : Drame
Durée : 118 minutes


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16 août 2006

LA MAUVAISE EDUCATION (LA MALA EDUCACION)

quatre_coeurs

Affiche_La_Mauvaise_Education1980, un jeune homme, Ignacio, se présente chez Enrique Goded, son ancien camarade de collège devenu réalisateur  et lui soumet le scénario qu'il a écrit à partir de ses souvenirs de jeunesse.
La_Mauvaise_education







La chute d'Adam

Loin d'être limpide à l'instar de son générique de début très brouillé, le film d'Almodovar présente une galerie de personnages masculins polymorphes, emplis de fautes, de secrets et détenteurs de paroles mensongères. Point d'innocence ici-La_Mauvaise_educationbas. Le cinéma du quartier constitue l'endroit où les jeunes élèves se masturbent tout en contemplant la beauté d'une actrice. Le collège dirigé par des hommes d'Eglise devient le témoin de la pédophilie du Père Manolo, humain qui, paré du masque de la vertu tente d'abuser le jeune Ignacio. L'innocence vole en éclats, l'identité de l'être se divise comme le suggère leLa_Mauvaise_education magnifique plan où le sang, linéaire, coule en plein milieu du visage de l'enfant à la voix angélique. L'unité, condition sine qua non de la beauté et de la perfection, n'est plus : les êtres se confondent et se travestissent. Les hommes sont fabulateurs et le monde est labyrinthique comme le dénotent les géniales mises en abyme du film.

Filme-moi

Au coeur de la charpente méticuleusement filandreuse, un fil conducteur : la passion. Enrique aime toujours son amour de jeunesse, Juan est attiré par le réalisateur et Berenguer est fou du frère d'Ignacio. Seul hic et non pas des moindres dans cette quête, l'être désiré échappe toujours à l'amoureux. Venues trop tardives et missives lues trop longtemps après leur rédaction, l'amour file des mains comme une bulle ou s'évapore pour ne laisser que des spectres et des souvenirs doux La_Mauvaise_education_Juan_et_Enriquemais glaciaux. Alors pour donner un peu de chaleur à ces froides
réminiscences, une seule solution : filmer. Berenguer  se laisse emprisonner par une caméra Super 8 et Enrique réalise un long métrage à partir de La Visita, nouvelle d'Ignacio, afin de donner une seconde vie à son passé, à celui des amoureux. Ignacio a donc bel et bien réussi . Malgré les années, le jeune homme homme déchiré par une quête identitaire a survécu à l'érosion des sentiments et demeure toujours présent dansLa_Mauvaise_education le souvenir et le coeur de celui qui fut son premier amour. L'unité est retrouvée et la beauté, veloutée d'une mélancolie, irradie l'être aimant et transparaît dans son oeuvre.


Des rencontres de flamme

Qu'ils se prénomment Ignacio, Juan, Angel ou Zahara, Enrique Goded ou Enrique Serrano, l'histoire aux multiples voix narratives est la même au fond et tourne autour du dénominateur commun qu'est la passion, mot écrit avec des majuscules à la fin du film, véritables lettres de noblesse
incandescentes. Un briquet oublié, un sous-vêtement abandonné chez l'être aimé, un foulard également laissé dans la demeure La_Mauvaise_educationde l'autre... autant d'actes manqués révélateurs du sentiment amoureux et de signes marquant la volonté de graver son empreinte chez l'élu de son coeur. Idem pour la nouvelle d'Ignacio, véritable catalyseur des passions et trait d'union majestueux avec le film réalisé par Enrique, ledit film imbriqué dans celui d'Almodovar, réalisateur capable de nouer de formidables rencontres entre ses personnages et également avec ses spectateurs. Car, finalement, en voyant La Mauvaise Education, on pourra se réapproprier avec bonheur les propos d'un des personnages : A croire que tous ces films parlent de nous !

Personnel sans être pour autant autobiographique, le film d'Almodovar présenté hors compétition a fait l'ouverture du 57ème Festival de Cannes et a entre autres mis sous les projecteurs le talent du génial Gael Garcia Bernal, interprète de Juan, personnage à la subjectivité très complexe.

Sortie: mai 2004
Distribution : Gael Garcia Bernal, Francisco Boira, Javier Camara, Daniel Gimenez Cacho, Lluis Homar Fele Marinez
Réalisation : Pedro Almodovar
Scénario : Pedro Almodovar
Photographie : Jose Luis Alcaine
Musique : Alberto Iglesias
Production : El Deseo
Genre : Drame
Durée : 110 minutes

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15 août 2006

MONSTER

deux_et_demi

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De même que  pour Teena Brandon (Boys don't cry), la vie ne rime pas avec bonheur pour Aileen Wuornos si bien que celle-ci tente de mettre fin à ses propres jours. Mais la femme, hétérosexuelle, doit un jour s'arrêter dans un bar lesbien et fait la rencontre de la jeune Selby. Entre les deux personnages féminins se noue une relation amoureuse. L'idée de suicide s'évapore alors de l'esprit d'Aileen mais le malheur s'acharne contre elle et continue de ruiner son existence. La femme connaît une célébrité... peu glorieuse : elle devient la première tueuse en série des Etats-Unis et a suscité l'intérêt de Patty Jenkins, réalisatrice de ce long métrage retraçant sa déchéance.

Des rêves plein la tête, des cauchemars plein la vie                

monster_1Tenues à la pointe du glamour, grands hôtels de luxe, couvertures de magazines sur papier glacé... Depuis sa plus tendre enfance, Aileen Wuornos est bercée par ces rêves de petites filles restées engluées de longues heures devant la télévision et les publicités véhiculant le rêve américain. Mais le chemin est semé d'une myriade d'embûches. Aileen s'est ou a été attachée à l'idée de devenir une star si bien que la corde a fini par l'étrangler et la mener sur l'échafaud version Amérique contemporaine. Sa vie se situe aux antipodes de la success story. Parti de rien, le personnage de Monster arrive au néant ou monster_3échoit en enfer. Vide ou pandémonium? Le lieu d'arrivée importe peu. La chute s'est bel et bien produite et a laissé de terribles séquelles. Aileen clopine, vagabonde, erre dans des hôtels miteux, lieux de réfuge de l'écume au sourire improbable. Une lueur apparaît : Selby. Cette jeune fille s'avère hélas trop veule pour exhumer sa compagne de la perdition. L'âme d'Aileen est sérieusement ecchymosée tandis que son coeur est si balafré qu'il ne ressemble plus à rien. L'humain s'en est allé pour céder la place à la monstruosité.

Monster and Monsters

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monster_71La monstruosité ne présente aucune harmonie. Elle a l'allure d'un homme, la démarche d'un macho, le visage effrontée d'une femme, empreint de désillusion et de disgrâce. Elle porte également un prénom, celui d'Aileen. Mais le monstre n'a t-il pas été enfanté par ... des monstres? Car l'être abominable et impécunieux, réduit à faire le commerce de son corps, a été violé par un client féroce et terrifiant. Le nouveau-né peut-il se vanter de son autre ascendant, c'est-à-dire la société américaine, partie comme un lâche, laissant son enfant se livrer à la prostitution, faire face à une clientèle masculine corrompue et encourir tous les dangers de la rue?

La Vérité, rien (d'autre) que la Vérité...

monster_62Estampillé based on a true story, Monster se veut l'expression d'une authenticité. Méthodique et appliquée, Patty Jenkins s'est évertuée à effectuer le travail  d'un naturaliste afin de plaquer son film sur la vérité. La réalisatrice s'est richement documentée sur Aileen Wuornos. Elle a lu des milliers de lettres que la tueuse en série avait rédigées pendant son incarcération. Elle s'est, par ailleurs, rendue sur les lieux fréquentés par son personnage principal. Paradoxalement, le faux a également été mis à contribution dans cette recherche de la véracité. Mannequin sexy, Charlize Theron s'est métamorphosée de pied en cap par le biais d'une surcharge pondérale et de maintes prothèses. Le résultat est plus qu'ébourrifiant. L'actrice entre parfaitement dans la peau de son personnage à l'instar de Christina Ricci, incarnant avec habileté une jeune fille paumée et bridée par un entourage dévot. Mais le jeu du duo féminin est galvaudé par les intentions de Patty Jenkins, aveuglée par son souci d'authenticité. Celui-ci éradique l'intensité d'une émotion  d'autant plus que la voix off, expression de la subjectivité d'Aileen Wuornos, crée trop souvent une redondance avec les séquences... Le long métrage se laisse aller vers un gouffre mais est sauvé in extremis par un dénouement dont la mise en scène est irréprochable. La pusillanime Selby retrouve l'usage de son bras, autrefois fracturé, pour mettre vigoureusement à l'index sa compagne, menant cette dernière dans les couloirs de la mort.

Monster est un long métrage très inégal. Les thèmes abordés y sont riches, les actrices offrent un jeu accompli (Charlize Theron a reçu, en 2004, le Golden Globe, l'Ours d'argent ainsi que l'Oscar de la Meilleure actrice pour son interprétation), mais la quête de véracité  est hélas trop asphyxiante et empêche le film de s'envoler vers de hautes sphères. Néanmoins n'oublions pas que Patty Jenkins est néophyte. Monster est son premier film. Il possède certes des carences mais n'est pas exempt d'une mise en scène pourvue de quelques subtilités.

Sortie : avril 2004
Distribution : Charlize Theron, Christina Ricci, Bruce Dern, Scott Wilson, Pruitt Taylor Vince
Réalisation : Patty Jenkins
Scénario : Patty Jenkins
Photographie : Steven Bernstein
Musique : BT
Production : KW Productions, Denver & Delilah Films
Genre : Drame
Durée : 111 minutes


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14 août 2006

FRIDA

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affiche_de_frida
Comme l'annonce le titre, le film de Taymor est un biopic consacré à une artiste peintre mexicaine, Frida Kahlo. Le long métrage retrace la vie de cette femme au talent enfanté par la douleur.


frida_assise_sur_diego1



Un Mexique en effervescence

Des tenues traditionnelles, de la tequila, en passant par les pyramides, Frida présente un pays vivant au rythme d'une révolution à travers une myriade de plans pittoresques. Bien entendu, le rouge y tient une place importante mais la réalisatrice, épaulée entre autres par Rodrigo Prito et Felipe Fernandez del Paso,  ne restreint pas sa palette. Les images du frida_buvant1Mexique sont joliment pigmentées. Taymor témoigne d'une parfaite maîtrise du polychrome, richement accompagné de notes sublimes. A la couleur locale répond la couleur vocale de Chavela Vargas, diva à la voix rauque, magistrale et déchirante. Le thème de la révolution transparaît à travers la présence de Léon Trotski (interprété par Geoffrey Rush) et d'un ensemble de personnages hauts en couleurs, au centre duquel se trouve le couple sulufreux unissant Frida et Diego, célèbre muraliste mexicain. L'artiste féminine et bisexuelle ne s'arrête pas là. Rebelle communiste, engagée dans la lutte pour l'émancipation féminine et pourvue d'un génie hors normes, Frida est à l'oeuvre d'une révolution bousculant politique, sexualité et peinture avec une énergie volcanique. frida_tableau_3_without_hope1


Frida à la jambe de bois et aux mains d'argent

frida_frida_peignantLa douleur physique fait partie intégrante de la vie de Frida puisque celle-ci, enfant, fut atteinte par la poliomyélite, maladie qui lui valut maints surnoms dont Frida l'estropiée et Frida à la jambe de bois. Puis, à l'âge de dix-huit ans, la femme eut un accident de tramway aux lourdes conséquences puisqu'elle en ressortit avec une multitude de fractures ainsi que de nombreuses interventions chirurgicales. Pendant de longs mois, elle fut contrainte de porter divers corsets en plâtre. L'un d'entre eux est orné de papillons dans le film, magnifique détail témoignant frida_tableau_11de la force de tempérament de Frida, mexicaine rétive à l'inertie et chrysalide se métamorphosant en peintre génial. Car de sa souffrance physique, la femme a accouché , tout feu, tout flamme d'un art synonyme de drame poétique de la douleur. Les cicatrices nées de ses fractures mais aussi de ses plaies amoureuses et de l'infidélité de son époux sont transmuées en poésie sur des toiles magistrales.

Les cymaises du septième art

frida_tableau_2_autoportrait1frida_portraitPlus qu'un simple biopic, Frida constitue un chef d'oeuvre à la facture savamment travaillée et témoigne de la virtuosité d'un sens visuel ne se contentant pas d'une esquisse. Le film explore la voie picturale afin de rendre l'émotion à la fois vitale et balafrée siégeant dans le coeur de l'artiste peintre comme le suggère le tableau intitulé Les deux Fridas. L'adaptation cinématographique de la vie de Frida est égale à son personnage central. La technique et le style originaux y sont soignés de même que dans l'oeuvre de l'artiste au tempérament de fougue. L'épisode biographique du bloc opératoire où Frida est menée juste après son accident et celui de l'arrivée du couple de peintres aux Etats-Unis suintent d'une rigueur et d'une méticulosité chirurgicales, couronnées d'un style ingénieux. Salma Hayek, divine, offre une somptueuse composition de son personnage.

Véritable galerie des sentiments humains, Frida est un film où l'on découvre les magnifiques cymaises d'un musée richement empreintes d'un désespoir mêlé à une incroyable force vitale. 

Sortie: avril 2003
Distribution : Salma Hayek, Alfred Molina, Geoffrey Rush, Valeria Golino, Mia Maestro, Ashley Judd, Edward Norton, Antonio Banderas
Réalisation : Julie Taymor
Scénario : Clancy Sigel, Diane Lake, Gregory Nava, Anna Thomas
Photographie : Rodrigo Prieto
Musique : Elliot Goldenthal
Production : Sahra Green, Salma Hayek, Jay Polstein, Lizz Speed 
Genre : Biopic, drame
Durée : 118 minutes

   
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13 août 2006

CHOUCHOU

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affiche_de_chouchou2Adaptation d'un spectacle de Gad Elmaleh, Chouchou raconte l'histoire d'un jeune maghrébin travesti (Choukri dit Chouchou), venu en France clandestinement et qui, après avoir balancé un flot de galéjades sur sa situation, est accueilli dans une paroisse par Frère Jean et Père Léon.chouchou_4






Clichés land

Overdose assurée de fanfreluches, de boas, de jupes et robes bigarrées à la vue du film de Merzak Allouache. Chouchou accumule allègrement les stéréotypes éléphantesques sur l'homosexuel. Celui-ci est friand des produits de beauté, passe son temps dans les rayons cosmétiques des supermarchés et fréquente assidûment le sauna, temple incontournable des fofolles... La prétendue comédie ne tarit pas de clichés à faire mourir d'ennui. Chouhou et ses acolytes sont maniérés à tous crins, affichent de sempiternelles et écrasantes mignardises et ne peuvent être évidemment que des travelos écoutant les tubes beaufs des années 80 ou presque... Autre personnage homo, autre catastrophe : Alain Chabat incarne un certain Stanislas, vieux gars à l'allure de dandy raté, sans cesse enguirlandé par sa maman chérie...

Petites blagues potaches entre amis

chouchou_1Chouchou n'est en fait qu'une kyrielle de sketches caricaturaux et pas drolatiques pour un sou. Tiens, vl'à Gad Elmaleh en robe de pouffe et Roschdy Zem en frère Jean, obnubilé par la Vierge Marie. Et puis, plus tard, Michaël Youn en transformiste et Alain Chabat de passage dans le film. Acteurs et actrices (Catherine Frot, notamment) sont présents. Problème : confinés à des rôles pâlichons, ces derniers se contentent joyeusement de se travestir à l'écran (en drag-queen, prêtre bigot ou psy sottement attachée à son vase), débitant les propos oiseux d'un scénario qui ne rime qu'avec indigence. chouchou_2Et le film ne peut que s'embourber dans une fin bénête et nullarde à l'extrême...

Somme toute, les interprètes ont gentiment folâtrer avec leurs tenues de travelos et leur fausse paire de seins, ne dégageant au final qu'une contrefaçon pâle et assommante de la comédie.



Sortie : mars 2003
Distribution : Gad Elmaleh, Claude Brasseur,  Roschdy Zem, Catherine Frot, Alain Chabat
Réalisation : Merzak Allouache
Scénario : Gad Elmaleh et Merzak Allouache
Photographie : Laurent Machuel
Musique : Germinal Tenas, Gilles Tinayre
Production : Les Films Christian Fechner / France 2 Cinéma / Fechner Productions / KS2 Productions / Canal +
Genre : Comédie
Durée : 115 minutes
                              

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